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L’activisme américanisé chrétien ou musulman !

jeudi 9 août 2012, par Pierre Dortiguier

S’il est, par nature, difficile de prendre du recul, relativement, au cours des événements, cela est nécessaire, en une période de temps sacrée et rayonnante, comme le Ramadan ; et la réflexion, distance nécessaire de l’esprit envers les choses, y met mieux à jour une tendance humaine à assimiler et à confondre le profane et le sacré ; confusion que la modernité exagère !

Lorsque, ainsi, nous assistons à des attaques féroces du genre de la rébellion-invasion de la AL-CIA-DA, à des exécutions, filmées, en Syrie, à des prises d’otages de pèlerins, et à des profanations indécentes, au nom de l’Islam ou du Christianisme, il vient, spontanément, à l’esprit de dissocier ce qui est fait, vicieusement, de l’enveloppe dont on l’affuble ! Mais cet activisme, pour le dire ainsi, a, surtout, une faiblesse intellectuelle, à son origine et repose sur une distinction factice entre vertus passives, faites de contemplation, généralement, dénigrées, comme inefficaces, et vertus actives ou engagement surestimé, tel que la lutte pour la démocratie, contre la tyrannie etc. Et dans ce dernier cas de vertu, la fin justifie les moyens, et ne s’en distingue aveuglément pas, favorisant ce type de contre-sens que le saint Coran met en relief : « Ils ressemblent à quelqu’un qui a allumé un feu, puis quand le feu a illuminé tout à l’entour, Allah a fait disparaître leur lumière et les a abandonnés dans les ténèbres où ils ne voient plus rien » [1].

De tels incendies sont le lot du siècle ! La guerre d’Irak et d’Afghanistan, pour G.W. Bush, appartenait à cette catégorie d’incendie allumé par les allumettes de la CIA et assimilés, le 11 septembre ; et il était soutenu, dans son entreprise, par ses clients du Golfe, lesquels, à leur tour, ont mis au point, - depuis le 18ème siècle, précisent les historiens - un "islamisme maison", analogue au christianisme américanisé en question.

En effet, comme dans l’art du contrepoint musical, à cette structure « bushiste » ou « obamasque », « clintonienne », comme on voudra, avec un air de croisade et un ton de prêcheur en chaire, correspond, dans les guerres « golfiennes » de Libye et de Syrie, une structure analogue islamiste, dont l’éclat le plus récent vient de se produire, à grands renforts de moyens militaires, à la frontière égyptienne ! Nous assistons à l’extension de ce phénomène, en le décrivant et en le délimitant, mais avec, néanmoins, un certain embarras, pour le contredire et le faire refluer. En réalité, ce ne sont, ni le christianisme ou l’islamisme en et pour soi, qui sont touchés, mais la mentalité individualiste, qui les crée ou les déforme et a reçu, comme nous y avons fait, ailleurs, allusion, par le chef des chrétiens catholiques, le pape Léon XIII, le 22 janvier 1899, dans une lettre latine, au cardinal Gibbons de Baltimore, le nom d’"Américanisme".

Il s’agit pour l’Américanisme, de privilégier l’action sur la contemplation, en diminuant ou écrasant cette dernière, celle-ci, par optimisme excessif et mépris de la part réfléchie de la base de toute action juste ; et, en effet, c’est sur fond d’affaiblissement de la pensée logique, que la propagande des groupes contemporains, aux étiquettes chrétiennes et musulmanes, - et on dirait la même chose de l’hindouisme ou du bouddhisme militant, qui a son propre « wahhabisme », peut-on dire, comme il est vu, en Birmanie et ailleurs - se développe et mène à l’inverse de ce qu’elle réclame :

« Et quand on leur dit : ne semez pas la corruption sur terre, ils disent : nous ne sommes que des réformateurs » [2].

Cela signifie que vouloir défendre un idéal, y compris, religieux par les seules forces humaines, avec des mots éclatants de liberté, d’égalité,de "droit de l’Homme" etc. ne peut se passer de l’assentiment divin, de la grâce, à parler théologie, pour être efficace. Sinon nous n’agissons pas, mais nous nous agitons. Ce qui est le spectacle honteux et amer qu’offre le temps présent.

Si l’on ne veut pas courir en vain et oublier la béatitude éternelle auquel Dieu nous destine par bonté, de quelle utilité sont les vertus naturelles, si ne s’y ajoute la force divine ? Augustin le dit avec exactitude : « De grandes forces et une course très rapide, mais en dehors de la voie » [3] lit-on, dans la lettre Encyclique, citée "Testem Benevolentiae", « témoin de Sa bienveillance », savoir de la bienveillance de Dieu !

Notes

[1] Al-Baqarah, verset 17

[2] Al-Baqara, verset 11

[3] Commentaire au Psaume 31, verset 4

 
 
 
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